Restons donc traditionnels, voici mon palmarès de fin d'année, aussi éclectique que ce que j'ai pu écouter cette année - et d'ores et déjà, désolé pour les absents que j'ai souvent pas eu le temps de découvrir, 2010 en sera l'occasion.
-> La playlist à gauche (couleur Sahara fin de soirée) est composée des meilleurs morceaux de mes albums favoris de 2009. Savourez...
numéro 10
numéro 9
Quoi ? Du tango en 2009 ? Mais oui, ma bonne dame, et du tango qui vous met la chair de poule, du tango qui vous chavire et fait couler des larmes...côté musiques du monde, y'a beaucoup de chanteuses qui arrivent de leur voix sensuelle et rauque à vous émouvoir et à vous anéantir (Lhasa, par exemple, autre bel album de cette année), mais cette fois-ci, la charmante espagnole-gitane d'origine guinéenne s'est accointée avec le pianiste cubain Chuco valdes, qu'on avait vu traîner avec les seniors du Buena Vista Social Club, et la rencontre s'avère magique, pleine d'intensité. Remarquable.
numéro 8
Et ça recommence. Difficile de se défaire d'un tel choc vocal. Quelques années déjà qu'Antonhy et ses Johnsons m'ont fait frissoner avec l'album "I am a bird now" dont j'ai déjà parlé sur ce blog. Et si ce nouvel essai, sobre et à la limite du glauque n'est pas à sa hauteur, il reste néanmoins un magnifique écrin sur lequel le chanteur androgyne peut chanter son mal-être et son désespoir. C'est sûr qu'on est très loin du "petit bonhomme en mousse" de Patrick Sébastien, c'est sûr qu'il faut s'accrocher à l'écoute de ce douloureux mais bel album âpre et rigoureux et tendu, mais pour ceux qui iront jusqu'au bout, quelle gracieuse récompense.
numéro 7
La musique actuelle n'est affaire que de séparations puis de connivences. Combien de groupes ont splitté et ont vu leurs membres soit démarrer des projets solo, soit s'unir avec d'autres membres de groupe pour un nouveau projet ? Atlas Sound est de ceux-là, unissant Bradford Cox, chanteur de Deerhunter, avec pas mal de people issu de groupes indés actuels (notamment des gars de Panda Bear et Animal Collective). Le résultat est génial, mix savant de plein de sonorités pop élégantes et élégiaques, bande-son étrange d'un automne 2009 qui hésite entre été indien et petites gelées matinales. La classe, un peu l'inverse de la pochette, nous montrant frontalement la maladie incurable (et innomable tant c'est compliqué) du chanteur...
numéro 6
Quand des Français rêvent d'Amérique, celle des grands espaces, celles des contrées inexplorées ou des motels miteux au milieu de nulle part sur la route 66. Les USA fantasmés par des Parisiens ambitieux, qui n'hésitent pas à convoquer Neil Young ou Grandaddy dans leur pop démesurée et grandiose. Loin de singer les précédemment cités, Fairguson leur rend hommage en les soumettant à un traitement sonore assez contemporain, où instruments traditionnels américains côtoient nombre d'outils électroniques, comme une invitation au voyage terrestre comme aérien, l'Ouest américain vu du ciel, sans Arthus-Bertrand mais avec Thomas Saddoun et sa bande d'explorateurs fascinants. De la très belle ouvrage, pour un petit cocorico qui ne s'intéresse qu'à l'export !
(titres en écoute sur www.myspace.com/fairgusontheband )
numéro 5
En effet, cette riche collaboration, non contente d’aligner un mixage de sons dansables venus de la Terre entière mais qui se retrouvent tous à Kingston, s’offre en plus des relations extra-conjugales avec des people plus ou moins fréquentables : Santigold qui affole les gambettes, Mr Vegas et son dancehall mainstream, Ms. Thing ou Prince Zimboo, stars des soundsystems de l’île reggae ou de Londres. On assiste donc à une partouze sonore effrénée sur lequel il est difficile de rester de marbre. Les puristes du son roots risquent d’être agacés, mais les moins réfractaires prendront l’expérience pour ce qu’elle est : un efficace tabassage en règle des genres musicaux, pour le seul plaisir des sens et des corps.
Alors certes, le disque ne brille pas par son épure, pas mal de passages restent bien putassiers (Keep It Goin’ Louder), d’autres s’éloignent franchement du son de Kingston (Anything goes), mais pour le reste, c’est dancehall brillant à tous les étages et de la grosse sudation en prévision (dub imparable sur Can’t stop now, groove secouant de Mary Jane, le single génial Hold the Line). Guns don’t kill people, Lazers do ne passera certainement pas l’hiver, mais est-ce ce qu’on lui demande ? Non, on lui exige de nous faire bouger les fesses, lever les bras en l’air, relever les jupes et déboutonner les pantalons, et le défi est largement relevé. Accouplé au disque-bombe des Buraka Som Sistema, Major Lazer prédit bien plus sûrement qu’Evelyne Dhéliat : l’été 2009 a été très très chaud !
------------------------------------------numéro 4
Même s'il ne s'appelle plus Smog, Callahan a gardé sa voix caverneuse, ses mélodies mélancoliques, et ses compositions classieuses. Nouvel opus, même formule - en mieux : "sometimes I wish we were an eagle" est une splendeur, encore une, concocté par le grand bill. A l'image de "Jim Cain" en écoute sur la playlist ci-contre, ce sont neuf morceaux beaux et longs qui composent cet émouvant album, où Callahan n'a jamais aussi bien chanté, convoquant l'esprit des plus grands anti- et alter-folkeux. Du grand art, plebiscité un peu partout, à juste titre.
------------------------------------------numéro 3
Bashung ayant tiré la révérence, il ne reste plus grand monde dans la chanson française de qualité, voire exigeante. Il ne reste même plus que lui : Dominique Ané. Et au lieu de s'enliser dans le songwriting intime et étincelant de "l'horizon" paru en 2006, il préfère les risques muiscaux, s'autorisant ici à composer les meilleurs morceaux de son oeuvre et le passer à la moulinette synthé années 80 qui avaient fait son particularisme pour ses premiers albums. Une sorte de boucle bouclée pour la voix la plus singulière du paysage musical hexagonal, avec en plus cette volonté ambitieuse de défricher plus loin encore les sons pop du 21ème siècle, oser la modernité tout en conservant une écriture traditionnelle mais pas conventionnelle non plus. De la variété de qualité supérieure, du rock déformé, du post-rock à la française, de la pop triturée : Dominique A va encore plus loin, toujours plus fort, et n'en finit plus de nous épater. Bravissimo.
Califone a sorti 9 albums en 10 ans. Vous ne les connaissez pas ? Pour ma part, je viens juste de les découvrir VRAIMENT. Jamais apporté une oreille très attentive à leur folk parfois abrasif, parfois chiant. Mais là, comment dire ? La révélation s'est faite, simple et évidente. Califone vient probablement de réaliser leur chef-d'oeuvre, du moins le disque qui pourrait enfin les consacrer à leur juste valeur. Tendu et original, "Tous mes amis sont des chanteurs d'enterrement" n'invite évidemment pas à se secouer les fesses sur un dancefloor, mais plutôt à se poser devant l'infini et à méditer sur son triste sort. Autre originalité : ce disque est le temple de la corde. Qu'elle soit pincée sur des violons exsangues, grattée sur des guitares tantôt acoustiques tantôt furieusement électriques, les instruments sont l'acteur principal sur lequel se greffe parfois des voix plaintives et qui donnent le mince fil rouge des intrigues mélodiques. Point d'orgue de ce laboratoire musical exemplaire, "Funeral singers", single évident, démontre le talent de ces Américains qui deviendront, je l'ordonne, enfin célèbres.
numéro 1
Somptueux.
Pas la peine de s’éterniser sur un disque qui semble, lui, promis à l’éternité : le dernier Richard Hawley est peut-être LE disque que j’attendais impatiemment depuis cette année. Un disque à la fois simple et grandiose, touchant et audacieux, d’une classe folle mais aussi beau à pleurer. Truelove’s gutter condense tout cela à merveille, et place enfin Hawley parmi les musiciens et chanteurs anglais incontournables.
Dès le premier morceau, sa voix de crooner dandy mais fatigué, semble sortir de limbes sonores, des nappes de synthés douces et mélancoliques. Il nous caresse dès le début, affole nos sens qui se perdent dans l’émotion franche de Open up your door, chanson presque conventionnelle et déjà entendue si ne s’y mêlaient pas une orchestration aux petits oignons, avec montée en puissance déchirante et parfaite. Déjà, Mister Hawley côtoie Elvis, Scott Walker et Sinatra. Mais ce sont aussi Roy Orbison ou même Willie Nelson et Tim Hardin qui semblent des présences fantômes sur le troisième et splendide Ashes on the fire.
Je peux continuer tout l’album ainsi tant tout est majestueux, sans fausse note, parfait, de la première à la dernière note (le final Don’t you cry de plus de dix minutes, tout aussi grandiose que les autres titres). L’ex-guitariste de Pulp a peut-être enfin atteint le climax de son oeuvre, dans ce « caniveau du véritable amour », à la fois sombre et délicat, à l’instar de la pochette, où son visage dans l’obscurité offre une légère lueur sur la crête de son profil. Dans les huit titres qui composent ce chef-d’oeuvre, sous la noirceur des propos et la lenteur magnifique des morceaux qui s’offrent patiemment, on trouve toujours la trouée d’échappement, le souffle d’air chaud, le hublot coloré qui évite à l’ensemble de tomber dans l’ennui ou le morbide. La classe, tout simplement.
« Si la musique ne te donne pas l’envie de baiser, de boire, de danser, de pleurer, c’est de la merde.«
Holy Richard. Il donnerait presque envie de croire en Dieu. Et pour cause : sa musique côtoie enfin et pour longtemps les cieux.
et vous, vos albums de l'année ???